La transition écologique
ISSU DU MAG DE MAI 2020- Auteur Fred Porcel
Aujourd’hui comme promis, la viande est au menu. Ou plutôt pas, en fait.
Avant cela un rappel :
• végétarien, c’est refuser de tuer des animaux pour les manger, cela autorise œufs et produits laitiers ;
• végétalien, c’est ne consommer aucun produit animal ;
• vegan, c’est exclure toute exploitation animale, que ce soit dans l’alimentation, l’habillement, les cosmétiques, l’industrie, etc ;
• flexitarien consiste à réduire sa consommation de viande. Un peu comme arrêter de fumer en continuant d’en griller une après le déjeuner, un stress, en balade, en soirée, avec des amis, pour accompagner un café, en vacances, le mardi…
La transition écologique commence par moi
Au niveau environnemental, les livres pour enfants sur la faune sont devenus des contes de fées : aujourd’hui 96% des mammifères sur notre planète sont des humains ou du bétail. Chaque année, cent milliards d’animaux sont abattus pour être mangés, soit 3500 par seconde !
La production d’un kilo de bœuf nécessite 10.000 litres d’eau, 10 à 15 fois plus que pour des céréales. L’élevage produit 60% du CO2 émis par l’agriculture, elle-même 2e émetteur mondial derrière les combustibles fossiles et 1re responsable de la déforestation et de la disparition de la biodiversité, dont le COVID-19 est l’une des conséquences, détruisant l’habitat d’espèces sauvages auparavant isolées des humains.
Bien sûr, cela s’accélère. Tout comme le libéralisme trouve formidable de délocaliser les usines, créant la pollution là-bas et le chômage ici, il pousse toujours plus d’humains à détruire les espaces naturels pour produire des animaux à bas coût, alimentant l’une des industries les plus polluantes du monde : engrais, pesticides, médicaments, déjections, transports, conditionnement, conservation, emballage, distribution…
Une liste longue comme un jour sans viande.
Au niveau sanitaire, réduire sa consommation de viande n’entraine aucune carence, bien au contraire, une diminution des risques cardiovasculaires, de cancer et de diabète ainsi qu’une augmentation de son estime de soi : respecter la vie sous toutes ses formes est très gratifiant.
Socialement, plus le pouvoir d’achat augmente, plus la consommation d’animaux baisse. Véganisme et végétarisme explosent dans les classes supérieures des pays occidentaux. Les produits remplaçant la viande et le poisson comptent par milliers.
Au niveau éthique, de multiples études attestent que les animaux d’élevage ressentent autant que nous la souffrance et la peur. Si l’on excepte les fables publicitaires, dans l’immense majorité des cas, leurs conditions de vie épouvantables sont suivies d’une mise à mort barbare. Rien qu’en France, des millions d’animaux meurent chaque année de panique ou de mauvais traitements avant d’arriver à l’abattoir. Destination qui sera pour les survivants la seule occasion de sortir de la caisse où ils sont parqués dès la naissance sans jamais pouvoir bouger. A la fin de cette vie de souffrance, ils seront jetés dans un camion pour des milliers de kilomètres sans eau ni nourriture.
L’Humanité a créé l’enfer sur Terre pour les animaux, mais elle feint de découvrir la lune à chaque caméra cachée dans un abattoir.
Les scientifiques, que les gouvernements écoutent quand il s’agit d’un virus, mais pas sur l’environnement, le répètent inlassablement : l’élevage est une catastrophe pour l’Humanité. Pourtant, en France, ses lobbies ont sans effort fait enterrer la promesse de campagne de Macron de vidéosurveillance dans les abattoirs et sont conviés à élaborer les recommandations nationales en matière de menus collectifs. Résultat : les repas scolaires contiennent jusqu’à 400% des besoins des enfants en protéines. Pas facile de perdre ensuite des habitudes que l’on croit être un choix personnel : à la maison, ce sera viande ou poisson à chaque repas.
L’élevage a dévasté la nature. Par la multiplicité de ses impacts (CO2, pollution, déforestation, destruction de la biodiversité), il est un enjeu écologique
majeur pour l’Humanité, si celle-ci veut espérer surmonter la crise environnementale qui a commencé, à côté de laquelle celle du COVID semblera dérisoire, alors qu’elle nous prive pourtant déjà de presque toutes nos libertés.
Comme pour toutes les activités incompatibles avec une poursuite durable de l’activité humaine, les États doivent dès maintenant accompagner massivement leur conversion vers des secteurs d’avenir, compatibles avec les objectifs environnementaux, seuls capables de garantir un avenir pour tous, contrairement au modèle actuel qui ne cesse de se dégrader, servant une minorité au détriment de tous les autres.
Là encore, pas d’illusion excessive… Comme pour tout le reste, Homo Conso ne se sent pas concerné, il ne changera rien à ses habitudes,
ou si peu. C’est sur la multiplication de sa version mise à jour, Sapiens 3.0, qu’il faut compter. Elle s’accélère, mais cela sera-t-il suffisant ?
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