et faisons “table rase” de certaines habitudes !

ISSU DU MAG DE JUILLET AOUT 2020 _ Auteur Fred PORCEL

Comme prévu, l’habitat est au menu, mais nous allons y entrer par le jardin. Ou par les parcs et allées, si vous habitez en ville. Avez-vous remarqué le retour des tondeuses au printemps ? C’est beau, un gazon bien tondu. Il paraît. Personnellement, je ne trouve pas, on dirait une moquette synthétique de chez Saint-Maclou.

D’ailleurs, l’origine de la pelouse n’a rien d’esthétique. Cette habitude vient du Moyen-Âge, à une époque où partout en Europe, quelques riches familles se partageaient les privilèges tandis que la population trimait sa vie durant, le plus souvent dans la misère ; comme avec le libéralisme, mais dans les champs.

ON DIRAIT UNE MOQUETTE DE CHEZ SAINT-MACLOU

À cette période donc, pour montrer leur richesse, les puissants faisaient tondre des parcelles autour de leur château. Non parce que c’était beau, ça ne l’était pas plus qu’aujourd’hui, mais parce que cela signifiait : « Je suis tellement riche que je peux consacrer du temps et de l’argent à faire entretenir des terres qui ne produisent rien ». Ce signe extérieur d’arrogance s’est perpétué jusqu’à nos jours où, dans l’inconscient collectif, un beau gazon est un marqueur social. Beau ou moche, mais c’est la classe, il paraît. Après, les goûts et les couleurs…

Cela ne poserait pas de problème si la biodiversité – sans laquelle, rappelons-le, l’Humanité n’a aucune chance de durer – n’était en train de disparaître. Il se trouve que dans les herbes hautes, la vie se développe en masse tandis qu’elle meurt quand l’herbe est rase. Laisser son jardin tranquille favorise la biodiversité : les fleurs et plantes en tous genres permettent le retour d’insectes, de pollinisateurs, d’auxiliaires qui vont protéger les autres plantes des soi-disant nuisibles (qui ne le sont certainement pas car indispensables à l’équilibre de l’écosystème). La tonte est dramatique pour la faune et la flore en pleine crise climatique, qui vivent dans et autour de nos propriétés. Elle détruit leurs habitats, leurs cachettes, leurs ressources alimentaires et hydrologiques. Laisser l’herbe pousser offre une chance aux papillons, aux abeilles, aux coccinelles. Des tas de feuilles mortes hébergeront des hérissons qui réguleront les limaces, des buissons attireront les oiseaux qui sèmeront des milliers de graines.

L’herbe rase ne protège rien : le soleil brûle le sol et la pluie le ravine. Il y a autant de vie dans une pelouse tondue que dans le champ labouré d’un agriculteur chimique, même s’il se prétend « conventionnel » – ha ha ! Patience, il en prendra pour son grade dans un prochain article. Et si la vue de hautes herbes est vraiment insupportable, pourquoi ne pas faire une coupe haute et uniquement sur les passages que l’on emprunte ? Une allée étroite bordée de fleurs et de papillons, ça c’est beau !

Enfin, si cela ne suffisait pas et que ce soit pour un citoyen ou une commune, quelle perte de temps et d’argent – qui pourraient être investis utilement ailleurs – pour tondre, nettoyer, arroser, éliminer les végétaux coupés…

NE PLUS TONDRE ET LAISSER LA NATURE TRANQUILLE

Avec une amie, ma fille – encore elle – a distribué dans les boîtes à lettres du village un petit mot pour proposer aux voisins (et à la mairie) de ne plus tondre et laisser la nature tranquille partout où c’est possible. Elle a été écoutée. En rentrant, elle était heureuse et fière. Et moi aussi.

Au mois prochain, peut-être.

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